09/092022
NAISSANCE D’UNE FÉDÉRATION DES CENTRES DE SOINS NON PROGRAMMÉS
(Par Sylvie LAPOSTOLLE)
PARIS, 9 septembre 2022 (APMnews) – La Fédération française des centres de soins non programmés (FFCSNP) a été créée pour mieux faire exister cette offre de soins aigus en ville qui se développe sur le territoire, a annoncé sa présidente, Maeva Delaveau, jointe jeudi par APMnews.
“Professionnels de la médecine aiguë, nous proposons des soins de qualité dans les centres de soins non programmés qui maillent le territoire français, véritables maillons entre la médecine de ville et l’hôpital”, a-t-elle fait valoir.
Cette médecin urgentiste, qui a longtemps exercé à l’Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM), principalement au service d’accueil des urgences (SAU) Nord, a créé sa structure en ville à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône), appelée Urgent Care.
Son projet : “mettre à la disposition des patients un service de soins non programmés de proximité, avec un plateau technique permettant d’accueillir ce qui représente 80% des passages dans nos SAU: consultations nécessitant un plateau technique minimal (radiologie, biologie), sans hospitalisation à la clé, et des médecins et IDE [infirmiers] rompus à la médecine d’urgence, pouvant assurer ces prises en charge, permettant ainsi aux SAU d’assurer leurs missions premières”.
“J’ai ouvert il y a un an et demi maintenant. C’est très plaisant comme exercice et ça fonctionne vraiment bien”, a-t-elle témoigné. Les conditions de travail sont beaucoup plus agréables, sans agressivité. Son centre est ouvert 7 jours sur 7 de 9h à 19h. Elle travaille avec des médecins remplaçants pour couvrir la semaine.
Au total, huit membres fondateurs jusqu’à présent isolés ont décidé de se rassembler en fédération sous la forme d’une association. Il s’agit de centres installés dans le Sud-Est (Montpellier, Nîmes, Marseille, Avignon, Aix-en-Provence) mais aussi à Clermont-Ferrand, dans la région grenobloise, dans le Nord ou encore à La Réunion. Ces cabinets s’appellent URG+, Acsi (Accompagnement Centres de soins immédiats), Smuca, CensoMed…
Ces centres médicaux ou médico-infirmiers ont été créés par des professionnels de santé venant “quasi exclusivement de l’urgence”, explique Maeva Delaveau.
Ils sont réservés à la prise en charge de soins non programmés, sans rendez-vous, hors parcours de soins. Ils accueillent les patients présentant une pathologie aiguë, sans détresse vitale, pouvant être répertoriée selon la classification clinique des malades aux urgences CCMU 1 (état stable, examen clinique simple) et plus particulièrement CCMU 2 (état stable, acte complémentaire diagnostique ou thérapeutique), se présentant spontanément ou adressés par le centre 15 ou par d’autres professionnels de santé.
Ils font des consultations de médecine générale et disposent d’un plateau technique suffisant pour réaliser des actes diagnostiques complémentaires : accès privilégié à de la radiologie permettant diagnostic et traitement en un temps, accès privilégié à de la biologie (marqueurs spécifiques nécessitant un résultat urgent) et électrocardiogramme.
Ils disposent aussi d’un plateau technique pour faire des actes thérapeutiques comme la mise en place d’une voie veineuse périphérique, l’administration de traitements par voie intraveineuse, la prise en charge de la petite traumatologie (sutures, immobilisation par attelles, plâtres, résines) et des aérosols ou oxygénothérapie, a détaillé la présidente de la nouvelle fédération.
“Nous pouvons prendre en charge de l’orthopédie, de la traumatologie, des douleurs thoraciques, des colites néphrétiques, des douleurs abdominales, une pyélonéphrite ou une crise d’asthme”, a-t-elle cité.
A l’issue de la prise en charge, un compte rendu est adressé au médecin traitant du patient. Ces centres ne réalisent pas de suivi. Ils n’assurent pas de suivi de pathologies chroniques et n’ont pas de clientèle propre.
Si le patient nécessite une hospitalisation ou une chirurgie, il est adressé à un établissement dans le cadre d’une filière organisée. Par exemple, en cas de fracture, le patient n’est pas envoyé aux urgences: il rentre chez lui et sa prise en charge est organisée pour qu’il se fasse opérer le lendemain dans un établissement, a expliqué Maeva Delaveau.
Il arrive que des transferts soient nécessaires.
Un label et une quête de reconnaissance
La FFCSNP, association loi 1901, dont les statuts ont été signés le 16 août, est ouverte à tous les professionnels exerçant en CSNP: médecins, infirmiers.
Ces centres se fédèrent pour définir ensemble un cahier des charges, un label CSNP.
La fédération a créé un site internet et une dizaine d’autres centres se sont manifestés, a signalé la présidente.
Pour adhérer, les centres doivent s’engager à respecter la charte d’accréditation de la FFCSNP.
Ils souhaitent aussi mieux se faire connaître comme alternative aux urgences “quand ce n’est pas si grave que ça ou que le médecin traitant n’est pas disponible pour répondre à une problématique aiguë”.
Les membres souhaitent également partager leurs expériences et leur expertise.
Les professionnels sont libéraux et facturent une consultation de médecine générale secteur 1 (23 euros) et éventuellement des actes. Il n’y a pas de dépassement d’honoraires et le tiers payant est proposé.
Dans le contexte actuel de saturation des urgences et de démographie médicale défaillante, et alors que l’offre va évoluer à la suite de la mission flash sur les urgences et les soins non programmés -conduite par le Dr François Braun, devenu ministre de la santé et de la prévention depuis-, ces centres souhaitent que leur activité soit reconnue par l’Etat. La fédération va réaliser un état des lieux et le présenter aux instances.
Interrogée sur des financements provenant d’agences régionales de santé (ARS), la présidente a répondu qu’elle n’en avait pas. Elle n’a pas non plus de conventionnement avec un centre 15, mais d’autres centres en ont comme le centre médical Les Asclépiades du Dr Xavier Poble à Saint-Etienne qui a établi une convention avec le 15 et le CHU. Pour être éligible à des financements, il aurait fallu s’inscrire dans un cadre de maison de santé pluridisciplinaire (MSP) et donc avec une patientèle attitrée en étant médecin traitant, a-t-elle expliqué.
“Il n’y a rien de prévu. Or c’est une structure assez lourde à mettre en place. Il faut des locaux, des locaux multisalles pour pouvoir s’occuper de plusieurs patients en même temps car ils restent entre 1h et 3h”, a-t-elle décrit.
Pour les 24 centres adhérents représentant plus de 100 soignants en France, la fédération a comptabilisé 500.000 patients pris en charge par an.
“Nous voulons faire reconnaître que ça existe dans l’offre de soins nationale et promouvoir une médecine aiguë de qualité”, a plaidé le Dr Delaveau.